Les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) 2024 s’annoncent comme un véritable carrefour de la création cinématographique en Afrique et en Arabie, et la sélection tunisienne pour cette 35ème édition en est une illustration vibrante et diversifiée. Des courts aux longs métrages, de la fiction au documentaire, la production locale brille par sa richesse et sa profondeur, abordant des thèmes tant universels que profondément ancrés dans la réalité tunisienne. Le comité de sélection a révélé une programmation qui ne manque pas d’enthousiasmer, mettant en lumière une nouvelle génération de cinéastes, mais aussi des réalisateurs confirmés qui continuent à porter le cinéma tunisien au sommet.
Compétition Nationale des Courts Métrages Bouillonnante de Créativité
La compétition nationale des courts-métrages “Fiction” présente une palette de films qui explorent des univers aussi variés que poétiques et poignants. Parmi les films sélectionnés, “Le Nuage Amoureux” de Nacer Khemir se distingue par sa quête de la beauté et de l’éphémère, tandis que “Fiction” de Hamza Ouni interroge la frontière entre réalité et imaginaire. Anis Lassoued, fidèle à son style visuel singulier, propose avec “LOADING” une réflexion sur la solitude et la virtualité dans un monde hyper-connecté. Des films comme “Où est Diana” de Samy Chaffai et “Le sentier de Aïcha” de Selma Hobbi interrogent quant à eux l’identité et les choix de vie des jeunes générations, dans un cadre local toujours aussi riche de ses contradictions. “Au-delà de la réalité” de Béchir Zayene, quant à lui, se plonge dans une ambiance fantastique et onirique qui n’est pas sans rappeler les grands classiques du cinéma d’auteur.
Longs Métrages Documentaires qui Plaident pour une Histoire Sociale et Humaine
La compétition des longs-métrages documentaires, toujours très attendue, propose une sélection variée où les sujets sont aussi riches que les angles d’approche. “Looking for my mother” d’Anis Lassoued, déjà remarqué pour ses courts, aborde ici la quête d’identité à travers le prisme de la maternité. “La Fille du 08 janvier” de Marouen Meddeb, documente les traces laissées par un événement marquant dans l’histoire récente du pays, tandis que “La couleur du phosphate” de Ridha Tlili explore les méfaits écologiques d’une industrie qui a marqué la région. Le film “Maudite Aphrodite” de Karim Souaki, quant à lui, se distingue par son regard intime sur les conflits internes de la société tunisienne, où le passé et le présent s’entrelacent pour dessiner un portrait troublant de la déliquescence sociale et morale.
Fiction Tunisienne à l’Honneur
La compétition nationale des longs-métrages “Fiction” réunit des réalisateurs qui offrent des regards aussi différents que profonds sur la société tunisienne contemporaine. “Agora” d’Ala Eddine Slim, qui avait déjà fait sensation lors de sa présentation à Cannes, continue de questionner les rapports humains dans une société en pleine mutation. “Le Pont” de Walid Mattar se distingue par sa capacité à aborder des thèmes de séparation et de rapprochement à travers une narration intimiste et poignante. “The Dying of The Light” de Kays Mejri s’engage dans une réflexion sur la mémoire et l’identité, tandis que “La zone” de Lassad Dkhili met en lumière les fractures sociales à travers le prisme de l’engagement humain.
Sélection Internationale qui Met en Lumière la Diversité Arabo-Africaine
Les JCC 2024 ne se contentent pas de célébrer le cinéma tunisien ; elles mettent également en avant des œuvres venues d’autres pays arabes et africains, offrant ainsi un véritable panorama des préoccupations du monde arabe et de l’Afrique. La compétition Arabo-Africaine des longs-métrages documentaires sera marquée par des films forts comme “Sh’hili” de Habib Ayeb, qui plonge dans les profondeurs de la société tunisienne, ou encore “La mémoire et les rêves” de Mohamed Ismail Louati, un film sur les enjeux de la mémoire collective. En fiction, des films comme “Là d’où l’on vient (La source)” de Meryam Joobeur, “AICHA” de Mehdi Barsaoui, et “Les enfants rouges” de Lotfi Achour promettent de captiver le public par leurs récits poignants sur l’amour, le conflit et la quête de sens dans des contextes politiques et sociaux tendus. “Borj El Roumi” de Moncef Dhouib propose également une réflexion saisissante sur le destin et la mémoire.
Programmation Hors-Compétition qui Ne Manque Pas de Charme
La section Hors-Compétition des JCC 2024, avec des films comme “Stone” de Karim Berhouma ou “Wed” de Habib Mestiri, propose des œuvres variées qui viennent enrichir l’expérience cinématographique du festival. Des films comme “Asfour Jenna” de Mourad Ben Cheikh ou “Rehlet Wejden” de Khaled Barsaoui séduiront à coup sûr le public, tout en dévoilant des facettes inexplorées du cinéma tunisien contemporain. Les films dans la section “Diaspora”, avec notamment “Sudan, remember us” de Hind Meddeb et “Behind the sun” de Dhia Jerbi, offrent des perspectives riches sur la condition des Tunisiens à l’étranger et sur la manière dont le cinéma peut être un outil de mémoire et de résistance.
Festival Prometteur
La sélection tunisienne des JCC 2024 témoigne d’une effervescence cinématographique locale sans précédent, alliant films d’auteur, récits sociaux, histoires personnelles et récits collectifs. Le cinéma tunisien, riche de son passé et audacieux dans son regard vers l’avenir, continue à se réinventer et à repousser les frontières. Les JCC 2024 sont, sans aucun doute, l’occasion pour le public de découvrir des films puissants et d’entendre des voix inédites, tout en célébrant la richesse d’un cinéma en constante évolution. Cette édition promet de marquer l’histoire du festival, avec une sélection aussi ambitieuse qu’inspirante
Malek Chouchi